Le Conseil Mohawk de Kanesatake (MCK) | Press release

Kanesatake, 21 octobre 2020 – Le Conseil Mohawk de Kanesatake (MCK) souhaite publier la déclaration suivante concernant le projet de la municipalité d’Oka de désigner la Pinède, les mêmes terres où se sont déroulés les événements tragiques de 1990, comme site du patrimoine d’Oka.

Pour débuter et pour plus de clarté, l’intention derrière certains termes doivent être définis dans ce communiqué de presse.

Premièrement, le terme « propriétaire » lorsqu’il s’agit des titres contestés :

Le Conseil Mohawk a toujours cru que le titre non autochtone est un titre artificiel acheté qui a été imposé en plus du titre réel d’occupation historique inhérente du peuple Mohawk.

Deuxièmement, le terme « consultation » :

Le terme « consultation » avec les Premières Nations doit être mis en œuvre conformément aux directives de la Cour Suprême en vertu du jugement Haida ou d’autres procédures judiciaires connexes ainsi qu’aux articles 35 et 25 de la Constitution.

La « consultation » publique d’Oka sur la désignation unilatérale de la Pinède en site du patrimoine municipal

Le 19 octobre 2020, la Municipalité a tenu ce qu’elle considère comme étant une « consultation » publique sur sa CHAÎNE YOUTUBE au sujet d’un règlement qu’elle propose qui aurait pour impact de désigner la Pinède comme site du patrimoine municipal en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel de la province.

Le MCK partage la consultation dans sa version complète, puisque la municipalité d’Oka a jugé bon de supprimer la section des commentaires, où, près de la totalité des commentaires formulés à la fois par des autochtones et non autochtones étaient pour le moins dire très critiques à l’égard du projet proposé.

De nombreux sauts impressionnants de logique et de désinformation ont également été véhiculés par le maire, ainsi que de nombreux faits et précisions qui semblaient délibérément omis de la conversation, les plus notables étaient :

La ‘noble’ intention du maire et de la municipalité

La municipalité prétend agir de « bonne foi » pour préserver les terres, tout en ne tenant pas compte du fait que les Mohawks sont actuellement engagés dans un effort de protection de la Pinède avec le propriétaire du titre artificiel des terres et Environnement Canada.

De plus, ce n’était pas plus tard qu’en mars 2019 qu’Oka avait donné son consentement à GDB CONSTRUCTION pour construire un développement résidentiel dans les « petites communes ».

Aucune consultation offerte – Un procédé qui déborde de racisme systémique

Lors du la « dite consultation » du 19 octobre, le maire a affirmé que : « Le Processus de ‘consultation’ de ce soir est en lien aussi avec le processus de consultation des membres de la communauté de Kanesatake, parce que on s’entend que les gens de Kanesatake font partis du territoire de Oka, donc Kanesatake fait partie du territoire d’Oka » (voir 27:00 vidéo Youtube ‘Consultation’ Publique Oka).

Ceci a été fait plutôt que de s’engager au préalable avec les Mohawks dans un forum transparent et séparé, tout en sachant délibérément que Kanesatake a un projet de protection de la Pinède sur la table, et ce, avant d’aller rapidement de l’avant avec ce projet. Les circonstances de la soi-disant ‘consultation’ conduisent à une violation de la décision de la Cour Constitutionnelle et Suprême.

La Pinède n’appartient pas à Oka

Lors de la ‘consultation’ sur le projet de règlement touchant la Pinède, le maire a affirmé que les Mohawks de Kanesatake ne devraient pas « venir nous dire dans notre carré de sable quoi faire et quoi ne pas faire ». Le Conseil Mohawk se demande où se trouve le bac à sable municipal, car celui de Kanesatake s’étend sur 260 miles carrés.

Le maire tente délibérément ici d’ignorer que les Mohawks de Kanesatake ont une revendication historique de longue date sur environ 260 miles carrés de terres promises en vertu du traité de 1760. La manière dont la municipalité souhaite faire avancer ce projet est imprégnée de racisme systémique et ne peut être interprétée que comme une autre façon, un déguisement pour déposséder les Mohawks de leur gouvernance des terres.

De plus, pour que les choses se calment, au lieu que le maire rejette le blâme sur les Mohawks pour les tensions, ce dernier devrait plutôt s’abstenir de faire des commentaires incendiaires envers les Mohawks ainsi qu’arrêter de s’engager dans des actions qui menacent les terres et la souveraineté des Mohawks, particulièrement celles qui concernent la Pinède … telle est la leçon que nous aurions tous dû tirer après 1990.

Site patrimonial municipal ou provincial … Même différence …

Lors de la ‘consultation’ du 19 Octobre, le maire a affirmé que le Conseil Mohawk de Kanesatake tentait de désinformer ses membres en déclarant que la désignation de la Pinède comme site patrimonial sera municipale et non provinciale. Pourtant, la municipalité devra passer par la Loi Provinciale sur le Patrimoine Culturel afin de citer la Pinède comme site patrimonial de la municipalité … c’est ici un simple jeu de mots pour détourner de l’enjeu réel et évident qu’Oka veut garder le contrôle total de ces terres.

Le « propriétaire » de l’intérêt privé n’appuie pas la motion de la municipalité

Lors de la ‘consultation’, le maire a faussement affirmé que M. Gollin qui détient le titre artificiel sur 2/3 des terres ciblés par le règlement « … est au courant de nos démarches, M. Gollin ne s’est pas opposé, ne s’opposera pas non plus à ce changement de zonage et à ce projet de règlement » (voir 36:50 vidéo Youtube ‘Consultation’ Publique Oka).

Le fait est que M. Gollin est engagé proactivement dans des discussions depuis plus de 2 ans et rencontre toutes les parties concernées incluant divers paliers gouvernementaux afin de comprendre la problématique à portée de main, et a décidé de retirer son titre acheté sur le terrain pour TOUS LES MOHAWKS DE KANESATAKE.

Lorsqu’on lui a demandé si la municipalité révoquerait son projet d’adopter son règlement si le propriétaire privé écrivait à Oka une lettre pour exprimer sa désapprobation du règlement, le maire a répondu de manière évasive à la question (voir pièces jointes pour consulter cette lettre). Il faut également dire que le ‘propriétaire’ privé a récemment vu ses impôts augmenter considérablement sur ces terres, ce qui pourrait être interprété comme un abus de pouvoir et une intention malveillante.

Le maire d’Oka prétend à tort que si le Canada écoutait les Mohawks, ils devraient rendre les clés de l’hôtel de ville et rentrer en Europe par bateau

Voici là un looooooooong saut dans la logique. Le Grand Chef Mohawk Serge Otsi Simon a répété à maintes reprises publiquement que : « Personne ne va nulle part. Nous (les Mohawks) sommes ici, et eux (les non-autochtones) sont ici. Nos chemins sont tressés et nous devons trouver un moyen de travailler ensemble et de vivre en paix ».

De tels commentaires et comportements divulgués par le maire et son conseil municipal de 9 membres non autochtones envers le peuple Mohawk, tout en essayant de s’approprier unilatéralement le patrimoine Mohawk, ne peuvent avoir d’autres impacts que la flambée des tensions dans la région.

De telles manifestations méprisantes et flagrantes ne font qu’attiser le racisme entre nos peuples, laissant beaucoup de gens se sentir frustrés et impuissants face à l’équité et à l’imposition de tels processus. Le peuple Mohawk ainsi que toutes les autres Premières Nations du Canada ont été témoins de cette même histoire encore et encore pendant plus de 300 ans, et pire que tout, cela se reproduit aujourd’hui, en 2020, sur les mêmes terres exactes où la tragédie de 1990 s’est produite.

Le maire déclare qu’ils sont ici depuis 300 ans.

Contrairement à nos 2000 ans + d’occupation dans la région, comme le prouvent les artefacts trouvés dans le parc d’Oka. Le fait est que la paroisse de l’Annonciation n’a été créée qu’après 1874, avant la création d’Oka, en ce sens, la revendication de 300 ans du maire ne tient aucunement la route.

Le maire déclare également qu’à cause de cela, ils ont autant de droits que nous, alors qu’en fait ils n’ont pas entièrement les mêmes droits. S’il existe des droits, ils ont été acquis par des transactions malhonnêtes depuis 1840.

Aucun commentaire raciste lors de la diffusion

Sachant très bien que les commentaires seraient effacés de la vidéo Youtube et du dossier public une fois la ‘consultation’ terminée, le maire a affirmé à plusieurs reprises que des commentaires racistes avaient été faits lors de la séance, ce qui est une autre fausse déclaration et preuve supplémentaire des véritables intentions du maire. Les seuls commentaires empreints de racisme ont été ceux articulés par la maire, alors que la liste de tels commentaires publics venant de sa part ne fait qu’allonger (voir Youtube – ‘Consultation’ publique d’Oka)

Pourquoi tant d’empressement tout à coup ?

Alors pourquoi le maire est-il si pressé de faire avancer ce projet, pendant une pandémie, sans consultation appropriée, alors que les terres sont déjà considérées comme une `aire protégée environnementale’, et ce, seulement après avoir appris que le Conseil Mohawk de Kanesatake était impliqué dans ses propres efforts de protection des terres avec M. Grégoire Gollin dans le but de redresser une injustice historique ?

Dans un esprit de paix et d’amitié,

Niawenhkó:wa

Grand Chief Serge Otsi Simon

Trouvez ci-joint certaines des communications que nous avons publiées concernant :

Le don écologique – https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/financement-environnement/programme-dons-ecologiques.html 

La position de M. Gollin par rapport au règlement proposé par la municipalité

Le Protocole d’entente entre le Conseil des Mohawks de Kanesatake et M. Grégoire Gollin

Communications envoyées à la communauté et la Municipalité concernant leur règlement et leur obligation de consulter adéquatement

Liens pertinents vers notre chaîne YOUTUBE

Entente de financement pour le Don Écologique avec le Ministère de l’Environnement et de la Lutte aux Changement Climatique (10 Septembre 2019)